…c’est important que les gens éveillés soient éveillés, ou une ligne de rupture peut les ramener de nouveau au sommeil ; les signes que nous communiquons — oui ou non ou peut-être — devraient être clair : les ténèbres autour de nous sont dense (profond).— William Stafford
Le contact improvisation est une danse qui invite notre corps, notre être entier à être présent et disponible. Pour danser cette forme, nous avons besoin de développer une aptitude à la confiance, en nous-mêmes ainsi qu’en nos partenaires. Nous aidons ou nuisons à la croissance de cette capacité de confiance par notre aptitude ou inaptitude à créer et respecter les limites.
Il y a plus de deux décennies que je danse et ce processus est tout de même processus continuel pour moi. À différentes étapes de mon parcours j’ai été travaillé par plusieurs questions : Comment dire aux autres que l’on n’est pas réchauffé et donc pas prêts à danser encore ou que l’on désire mettre un terme à une danse ? Comment établir des limites lorsque l’on a des limites physiques ou que nous nous remettons d’une blessure ou que nous dansons avec un partenaire indélicat ? Que fait-on lorsque notre amoureux a une danse sensuelle avec quelqu’un d’autre et que l’on en est effrayé ? Comment intervenir quand un groupe de musiciens se regarde l’un l’autre et ont du bon temps, mais semblent avoir oublié les danseurs pour qui ils sont en train de jouer ? Comment communiquer à un duo qu’ils sont bruyants, que leurs tensions émotives sont intimidantes et que cela interfère avec les autres danses dans la pièce ? Comment ces limites sont elles négociées et communiquées ?
Un étudiant est venu un jour dans une de mes classes avec une flagrante éruption cutanée sur tout le corps. Quand j’ai dit « trouvez un partenaire », tous les autres étudiants l’ont fuit, j’ai finalement travaillé avec lui. J’étais inconfortable. Je pensais que peut-être son inflammation était contagieuse, alors je lui ai finalement demandé directement « est-ce contagieux ? ». Il m’a dit avoir une réaction allergique appelée mastocytosis que cela libérait une quantité massive d’histamines qui causait la décoloration de la peau. Il m’a parlé de son long combat avec cette maladie et a dit que ce n’était définitivement pas contagieux. J’étais soulagé et comme je l’espérais la classe avait eu la curiosité d’écouter le récit et il a eu moins de difficulté ensuite à trouver d’autres partenaires.
Un de mes amis et partenaire de danse est venu au Festival de Contact de Philadelphie, où j’enseignais et performais. Nous avions hâte de danser ensemble au jam final nous en eurent enfin l’occasion. Durant notre danse plusieurs personnes nous ont approchés pour se joindre à notre danse. Quelques fois nous avons pu facilement leur communiquer physiquement que l’on n’avait pas terminé. Lorsqu’une personne tenta de se joindre à nous j’ai dit, « nous avions rendez-vous pour ce duo et nous avons encore besoin de temps ensemble. » Plus tard, je retourner voir cette personne et elle m’a dit que mon « non » avait été communiqué clairement et avec élégance.
Je trouve qu’il y a des occasions ou c’est la communauté en son entier qui vient aider à fixer, à établir les limites individuelles. Au milieu des années 80, plusieurs femmes qui dansaient au jam hebdomadaire à Berkeley, Californie, se sont plaintes d’un homme en particulier qui venait y danser régulièrement. Je vais l’appeler Roland. Elles disaient que danser avec était déplaisant, car il ne semblait pas faire attention aux limites. Il était difficile à ces femmes de décrire le comportement qu’elles n’aimaient pas : elles appelaient ça « sensation ». Une a dit, « danser avec Roland c’est comme danser avec un chiot trop enthousiaste, ceux qui essaie de s’exciter sur votre tibia ». Le sentiment général était qu’il se « lâchait » sur la danse et qu’il prenait quelque chose qui n’avait pas été offert par ses partenaires.
Ça n’était pas difficile de se rendre compte qu’à presque chaque fois qu’une jeune femme passait la porte du jam pour la première fois, peu importe d’où il se tenait dans la pièce, Roland allait surgir. En moins d’une minute, il était à ses côtés, lui offrant de lui apprendre par le menu détail le Contact Improvisation. Plusieurs d’entre elles n’ont plus jamais été vues au jam.
Quoique plusieurs femmes parlaient de Roland, il s’avère que presque qu’aucune d’entre elle ne soit allée lui parler directement. Elles étaient confuse de ressentir un sentiment de puérilité sans pouvoir lui parler d’un comportement particulier de sa part. Je me souviens qu’une femme a dit "lui parler serait comme se plaindre à propos de la température : ça n’améliorera rien.
Rolanr participait régulièrement au Contact Jam de Californie du Nord, un jam de 5 jours durant le quel les gens dorment sur place a Harbin Hot Spring. C’est là que j’ai appris une leçon à propos de communiquer ses limites de la part d’un des organisateur, Sue Stuart. J’était présent lorsque deux femmes s’assirent avec Sue pour se plaindre de Roland. Elles voulaient qu’elle fasse quelque chose à propos de lui.
Sue leur a demandé “Avez-vous dit quelques à Roland ?”. Lorsqu’elle comprit que non, elle leur demanda » qu’est-ce que vous aimeriez lui dire ? « . Toutes deux ont éclairci ce qu’elles auraient à dire. L’une a dit “j’ai le sentiment que tu n’as pas de retenue sexuelle lorsque tu danses avec moi et je ne veux pas danser avec toi ou être approché jusqu’à ce que tu contrôles tes désirs sexuels”. De l’avoir prononcé à haute voix, cette femme fut capable de prendre Roland à part et de lui parler. L’autre ne se sentit pas capable de le confronter seule. Sue lui a alors offert de l’accompagner.
J’ai été impressionné que Sue leur réponde par des moyens de prendre charge elles même de cette situation délicate plutôt que de les laisser lui remettre à elle, personne en position d’autorité, leurs pouvoirs. Roland s’est excusé et a dit qu’il allait tenter de changer ce comportement.
Quelques mois plus tard, il était évident que Roland avait changé sa danse avec les femmes qui venaient souvent dans la communauté. Mais son radar s’allumait toujours lorsqu’une nouvelle femme se présentait au jam hebdomadaire. Quelques-uns des hommes qui c’était rendu compte de ceci, moi inclus, l’avons pris à part et avec bon humour lui avons dit ce que nous percevions. Nous lui avons dit que nous avions le sentiment que cela posait un problème pour la communauté et qu’il devait cesser cette conduite ou arrêter de venir aux jams. Même si nous l’avons approché avec une certaine légèreté, il a compris le sérieux de la situation par le fait qu’un si grand nombre d’entre nous avait fait les mêmes commentaires. Roland a en effet changé et maintenant, plus d’une décennie plus tard il vient toujours danser dans une communauté accueillante.
Dans cet exemple-ci, ça a bien fonctionné pour Roland et pour le groupe. Cependant, j’ai eu vent de situation similaire avec hommes et femmes qui n’ont pas été aussi réussies : on a finalement demandé aux individus impliqués de ne pas revenir.
De ma recherche à propos de ce qui est requis pour cultiver des limites claires, j’ai développé un atelier appelé "101 Façons de Dire Non au Contact Improvisation". La prémisse de cet atelier est que, jusqu’à ce qu’une personne est la confiance et l’habileté de dire non à quelque chose, ils ou elles n’auront pas la capacité d’entièrement dire oui à celle-ci. Dans l’atelier, nous explorons les habiletés physique et verbale requises pour dire non à danser, à être toucher, à l’échange de poids, au momentum, aux manipulations.
Par exemple, quand quelqu’un arrive à me prendre et me soulève alors que je ne veux pas être soulevé, je peux laisser tomber mon poids et éloigner mon centre de gravité de celui de mon partenaire. Je deviens ainsi trop lourd à soulever. J’ai clairement dit non. Avec cette connaissance, en comprenant comment dire non, ce la me permet d’extrapoler l’inverse : quand je veux dire oui et prendre l’opportunité de m’envoler. J’ai déjà la notion de comment devenir léger en élevant mon centre de gravité et le faire pivoter au-dessus de celui de mon partenaire.
C’est la même chose avec le toucher. J’ai besoin de confiance personnelle et d’habileté pour enlever la main de quelqu’un (que ce soit verbalement ou physiquement) lorsque je ne veux pas de ce contact physique ou de cette manipulation, avec lui ou avec elle. Avec la confiance en mes habiletés à indiquer mes limites, je peux choisir l’autre extrême et m’ouvrir au contact.
Robert Bly nous offre une image dans son "Petit Livre sur L’Ombre Humaine". C’est que nous avons une porte en notre psyché. Ainsi, pour les enfants la poignée de porte est à l’extérieur et les gens vont et viennent comme ils le veulent. En devenant plus mature, adulte, nous apprenons à transférer la poignée de porte vers l’intérieur et choisissons quand et qui ouvrira ou fermera la porte. Si nous savons que nous pouvons fermer la porte, nous sommes d’autant plus libres de l’ouvrir et d’inviter du monde à l’intérieur.
Certaines personnes approchent cette forme de danse et c’est un défi pour eux de sentir et de se connecter aux sensations de leur corps. Ceci peut être le résultat de gens ayant forcé leurs chemins à travers la porte de ceux-ci, plutôt dans leur vie. Pour ceux dont les limites ont été fendues lorsqu’enfant, il est possible qu’ayant créée un bouclier ou une armure qui les protège d’entré en contact direct avec leur propre corps ainsi qu’avec le monde. Il est ici particulièrement important pour eux d’améliorer leurs habiletés à ajuster leurs limites, pour apprendre que leur poignée de porte est à l’intérieur. Avec l’habileté d’exprimer leurs limites, ils peuvent commencer à délaisser leurs couches protectrices et inviter plus de possibilités dans la Danse Contact et plus loin encore dans leurs vies.
En Contact Improvisation il y a un principe de base qui dit que chaque personne prend la responsabilité de lui-même ou d’elle-même. Je suis la seule personne qui puisse être dans mon corps. Je dois donc garder une partie de mon être éveillé — la partie qui peut ressentir et communiquer (physiquement et verbalement) mes besoins, limites et désires. J’ai besoin de me garder en sécurité, ainsi que faire attention de ne pas blesser les autres. Adhérer à la pratique de ce principe est une façon de placer la poignée de porte à l’intérieur.
Durant l’atelier 101 façon de dire non…, j’enseigne une autre habileté de sécurité, celle-là pour apprendre a communiquer vite dans les contextes énergiques. Nous apprenons à crier un mot court qui attire immédiatement l’attention : "Stop !", "Recule !”, "Attend !” ( Je n’utilise plus “Non !”, car c’est un mot riche en nuance et, comme tout le ceux qui ont des enfants le savent, un mot sujet à être testé). Nous nous exerçons aussi à exclamé le nom de parties spécifiques de notre corps douloureuses ou sur le point de le devenir : “Genou !”, “Cheville !”, “Cou !”. C’est rare que cette habileté soit utilisée, mais savoir que les mots sont là, rassurent la psyché et nous permettent d’ouvrir la porte à des danses plus athlétique, acrobatique et désorientée.
En développant le matériel de cet atelier, je désirais un exercice qui pourrait clairement démontrer que l’habileté de quelqu’un à dire non créera une plus grande capacité pour dire oui. À la lumière de cette investigation est apparu un exercice appelé “Deux Rivières”.
J’attends que le groupe ait créé des liens avant d’introduire cet exercice. Une personne, celle qui reçoit, se couche sur le dos. Deux autres personnes, les “deux rivières” donne au receveur de lente et fluide caresses dirigées par des signaux des bras du receveur. Lorsque le receveur croise les bras sur son torse, cela signifie “ne me touchez pas du tout”. Lorsque ses bras restent au sol à ses côtés, cela signifie “touchez-moi gentiment, comme vous le feriez dans un endroit public”. Lorsqu’elle place ses bras au dessus de sa tête sur le sol, cela signifie " vous pouvez me toucher n’importe où, partout, tous les coups sont permis". Le receveur peut changer la position de ses bras à tout moment.
Le toucher peut-être calme, nourissant ou sexuel, mais le receveur est toujours en contrôle de ce qu’il ou qu’elle reçoivent. Le receveur ouvre et ferme les écluses aux rivières. Les deux rivières sont instruite que peu importe où sont situer les bras du receveur, elles ne doivent toucher qu’à l’intérieur de leur propre niveau de confort.
Il est très clair pour les participants que si cet exercice ne contenait pas de fermeture complète “Non, vous ne pouvez pas me toucher nulle part,” il ne pourrait pas offrir l’ouverture complète “Oui, touchez librement.” Avec les limites disponibles et visibles, les participants sont capables de demander plus que si les limites n’étaient pas en place. Avec tout l’aspect implicitement consensuel de notre forme de danse, s’exercer à une explicite consensualité nous permet plus de confort avec le l’accord tacite que nous faisons a chaque moment où nous dansons.
Après un atelier qui avait inclus l’exercice des Deux Rivières, un étudiant m’a écrit ce courriel contenant cette citation de William Blake :
“On ne sait jamais ce qui est suffisant avant de savoir ce qui est plus que suffisant. La luxure de la chèvre est la récompense de Dieu. La voie de l’excès conduit au palace de la sagesse."
Steve Paxton a été connu pour avoir dit, “Le Contact Improvisation n’est pas un jeu de glande,” voulant dire en partie que ce n’est pas une danse sexuelle. J’entends souvent les gens dire, “J’aime beaucoup cette forme de danse, car c’est une façon non sexuelle d’être physique, affectueux et espiègle avec les autres.”
Ça n’est pas vrai pour moi. D’un certain aspect je suis toujours conscient de moi-même tel un être sexué.
Je ne veux certainement pas que mes partenaires aient le sentiment que j’utilise la danse pour me “lâcher”. Parfois, je danse avec l’image que ma partenaire et moi, nous sommes en train de se faire une cour de cent ans. Nous n’essayons pas d’aller nulle part. En ne fermant aucune partie de moi même, je peux danser avec cet aspect savoureux de moi éveillé. Authentique, spontané Contact nécessite d’abandonner le besoin de tirer gain ou profit de cet échange. Dans cette capitulation, une personne peut danser cette forme et garder leur sexualité vivante.
À tout moment lorsque l’on danse, on teste ce qui est consensuel. Vas-tu accepter mon poids ? Peut-on aller plus vite ? Peut-on aller très très lentement ? Occasionnellement, je rencontre quelqu’un et consensuellement nous incluons dans notre danse une énergie érotique ou séductrice à notre danse. Nous bougeons concentriquement et testons ce qui est accepté de nous deux. La sécurité est incluse dans l’échange, car nous somme chaperonné par notre sens de la conduite appropriée dans un contexte de jam.
Quand j’observe nos enfants jouer leurs jeux improvisés dans la cour arrière de notre maison avec leurs amis, ils sont constamment en train de tester et régler leurs limites. Parfois, ils peuvent jouer à être de fameux paléontologistes creusant pour découvrir le plus grand dinosaure jamais découvert. Parfois, ils sont bâtisseurs d’empire, courant partout avec leurs épées et leurs armures de carton, rampant sur le ventres dans les forts sous les haies — faisant, brisant et négociant constamment leurs règles au fur et à mesure. Quelques fois, c’est un signal physique ou un seul mot ; ou encore, le jeu arrête complètement pour qu’ils remettent au point leurs façons de gérer les règles de leur jeu. Ils sont constamment en train de travailler pour rendre le courant d’énergie et de pouvoir juste et équilibré. Cela est similaire à ce que nous faisons dans notre communauté de danse.
Il y a eu une négociation continuelle des limites au cours des années au Contact Jam de la Californie du Nord. Le groupe a eu des démêlés à propos du poids de la structure nécéssaire, quel niveau de tension émotive ou de musique était désirable dans l’espace du jam. Au courant des quelques premier dix jams, comme nous établissions nos engagements dits et non dits, nous avons eu plusieurs exemples évidents de dépassement de limites qui se sont transformé en discussion approfondi. Nous avons appris avec le temps que de simplement s’écouter l’un l’autre était ce qui était requis pour trouver l’équilibre entre des désirs opposés. Que les décisions administratives ne sont que peu requises. Être dans le conflit et entendre chacun permet à la solution de se résoudre d’elle-même.
Je me suis rendu compte que les jam durant lesquels il y a eu le plus de conflits semblaient aussi être les plus sincères et parfois dont les fins étaient les plus remplies de reconnaissance et de gratitude. Lorsque nous nous impliquons entièrement dans le processus de tester et d’établir les limites, il y a un sens à apprendre à créer des relations humaines, a être dans un groupe vivant qui nous laisse avec un profond sens d’appréciation l’un pour l’autre.
Être un groupe de danseurs et faire ce travail continu de clarification continuelle des limites est l’équivalent de vivre dans un culbuteur à cailloux — ces contenants que l’on remplit de cailloux et fait tourner pour que les pierres s’entrechoquent l’une l’autre pendant des jours pour qu’ainsi elle se polisse l’une l’autre. Tout en apprenant à sentir et exprimer nos limites, nous culbutons et nous frottons et nous cognons tant au sens physique que figuré. Ça peut faire mal jusqu’à ce que nos arêtes aiguisées s’arrondissent, mais avec le temps nous devenons polis, révélant lentement le joyau que nous portons. À travers ce processus, nous commençons à chérir l’entité que nous appelons “communauté” qui nous aide à développer de meilleurs capacités pour dire oui — dans nos danses et dans nos vies.